Rapport sur l’état du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre : 70 000 personnes mal logées en Bretagne

Le 23 mai, la Fondation Abbé Pierre a rendu public son rapport sur l’état du mal logement en Bretagne.

« L’État du mal-logement », est un rapport annuel exclusif produit par la Fondation Abbé Pierre afin de partager son expertise du problème et d’interpeller les pouvoirs publics.

Ce baromètre a pour la première fois mis en lumière des indicateurs plus défavorables en Bretagne qu’à l’échelle nationale.

Pour la Fondation Abbé Pierre : « tous les indicateurs sont au rouge en Bretagne » , avec notamment une hausse des prix inédite dans la région et une baisse des projets de rénovation.

Ce sont les ménages les plus modestes et les classes moyennes qui pâtissent de cette situation de crise.

Un indicateur permet d’illustrer cette situation alarmante : le nombre de recours DALO (droit au logement opposable) qui a augmenté de 86% depuis 2019. (+ 3,2% au niveau national).

La Fondation Abbé Pierre évalue le manque de logements abordables en Bretagne à 23 000 !

Selon les données du CREHA Ouest, on dénombre 95 000 demandeurs de logement social en Bretagne au 1er mai soit une augmentation de 40% depuis 2018.

Un parcours résidentiel grippé

Un parcours résidentiel grippé qui se traduit par des délais d’attente de plus en plus longs : 18.5 mois contre 15.2 mois en moyenne l’année passée.

Le profil des demandeurs a lui aussi évolué :  les jeunes actifs n’ont plus accès au logement locatif privé du fait de l’augmentation des loyers et se tournent vers le logement social.

Les organismes Hlm sous pression

Pauline Urien, directrice de l’ARO Hlm Bretagne a, lors de sa prise de parole, évoqué le manque de moyens des organismes Hlm avec depuis 2018, la mise en place de la RLS (Réduction du loyer de solidarité) qui a induit une perte de 134 millions d’euros pour les organismes Hlm bretons soit 10% de leur chiffre d’affaires annuel).

Par ailleurs, la flambée des coûts de construction et le manque de foncier a considérablement affecté la production de nouveaux logements.

Face à ce cruel déficit de logements, les demandes d’hébergement d’urgence augmentent : +6.5% en 2022 (3 200 demandes supplémentaires)

Mal logement et précarité énergétique

Outre le manque de logements, la Fondation Abbé Pierre a également mis en exergue les 63 000 logements potentiellement indignes en Bretagne.

Devant ces constats alarmants, Stéphane Martin de la Fondation Abbé Pierre espère une réaction à la hauteur des enjeux.

Le 5 juin, le gouvernement annoncera ses mesures à la suite des conclusions du CNR, le centre national de la refondation sur le logement ; parmi les pistes évoquées par les acteurs du logement social : une régulation des prix des logements et du foncier, l’encadrement des loyers en urgence, des aides à la construction via notamment une TVA à 5,5% pour les matériaux de construction, l’élargissement de l’accès aux APL …